[Journal d'été #3 - Temps]

 Samedi 8 juillet, C…



Coup de théâtre, hier soir : l’inscription administrative à la fac semble être une espèce de parcours du combattant, l’épreuve sera rude, vais-je même la surmonter, rien n’est sûr (sombres histoires que je n’ai pas l’énergie de dérouler par écrit) ; je me demande pourquoi j’ai parlé publiquement de cette reprise d’études ces jours-ci ? Pourquoi je n’ai pas attendu d’être absolument sûre que ça roulait ?


En fait, j’écris ici parce que j’ai été acceptée dans cette formation – j’en aurais peut-être eu l’idée sans ça – mais quelque chose est nourri par l’idée que je reprends mes études l’an prochain.



Moi qui cherchais à me libérer de toute source de stress, je suis servie. Ne me reste plus qu’à respirer et relativiser un peu, en attendant des nouvelles fraîches. Je pense que je vais éviter le sujet tant que je ne sais pas précisément à quelle sauce tout ceci va être servi.


*


Oui ; mais quel sujet aborder à la place, quand celui-ci en prend tellement ?




Je ne sais pas encore, mais au préalable, simplement me souvenir de tous les privilèges dont je bénéficie en tant que personne non-racisée, certes précaire mais vivant au vert – et relativiser, vraiment.


*


Pause dans l’après-midi, après une matinée survoltée – à mes yeux en tous cas. On a cherché à se débarrasser le plus rapidement possible de la question des fournitures scolaires pour la rentrée de S. l’année prochaine : le rayon n’était pas encore accessible dans le magasin, il était en préparation ; je vais trop vite pour la musique, j’ai l’impression d’être dans une espèce de course contre le temps, et si je pouvais remonter le temps en allant plus vite encore ?


Et pourquoi je voudrais remonter le temps ?


Je ne sais pas comment ralentir la machine. Enrayer la vitesse. Souffler.

 

---

 

[Été 2023 - Journal de bord, fragments]

 

Commentaires