[Journal d'été #5 - Alouette]

Jeudi 13 juillet, Les B…



Il est 9h15 et j’ai eu le temps de lire quelques pages dans la cour, au frais ; de prendre quelques tartines en compagnie de maman ; de relire, juste pour le plaisir et au hasard, quelques pages de Une année à la campagne, de Sue Hubbel, et de sentir que ce livre me fait décidément du bien chaque fois que je l’ouvre ; de rouvrir un tiroir à la fois attirant et mystérieux, et d’y découvrir une liasse de vieilles lettres – des condoléances suite au décès du grand-père de M., en 1975, et une branchette d’arbre encore indéterminé, séchée. Je fais ça, moi : je fais sécher des fleurs et les mets sous verre. J’écris au crayon à papier des dates, des lieux, des noms. Et je suis surprise quand je vois que d’autres avant moi le font aussi...


Nous restons ici quelques jours, en famille, c’est un séjour qui se dessine plus long que d’autres fois, et c’est doux d’y prendre des habitudes. Lever tôt, matinée tranquille, sieste, balade ou baignade dans la rivière. On ouvre les portes pour profiter de la fraîcheur du matin ; on va voir les tumulus parmi les plus grands d’Europe, les vestiges de l’abbaye vendue comme bien national après la Révolution, on entre en fraude dans un jardin de curé et on parle du Cid et d’étymologie dans la voiture. J’attrape au vol une information cruciale – le mot alouette serait l’un des seuls mots d’origine celte de la langue française.


Avec S., on ouvre aussi, pour la première fois de leurs vies de livres, les grands livres rouges de Jules Verne ; c’était mon grand-père qui avait acheté la collection, reproduction des éditions originales Hetzel, quand j’étais adolescente ; je n’y avais jamais touché, certains tomes sont encore sous blister, ça fait presque trente ans qu’ils attendent d’être lus – on a commencé, enfin.


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J’ai finalisé hier mon inscription administrative à la fac : presque trois heures de dossier à remplir, de comptes divers à créer sur des plates-formes variées, des pièces justificatives à fournir, des mots de passe à retenir. Je suis donc de nouveau officiellement étudiante, et c’est un grand soulagement que cette étape-là soit franchie – je craignais des obstacles – je crois même que je n’ai pas bien compris encore ce qui m’arrive. Je suis ravie, mais je n’ai pas encore atterri.

 

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[Été 2023 - Journal de bord, fragments]

 

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