[Samedi 26 août #21 - Coming back]

Samedi 26 août, C…



Réflexions en vrac :


- je lisais péniblement (car je lis péniblement l’anglais) un article paru dans l’Irish Times de mercredi dernier au sujet des galères financières des étudiants de 3ème cycle quand j’ai compris une évidence : à presque quarante ans, je vis d’emplois cumulés peu rémunérateurs, comme une étudiante le ferait ; je n’ai jamais vécu confortablement (du point de vue financier) d’un travail ; je n’ai jamais gagné un Smic entier, qui puisse être stabilisant, voire rassurant (ceci est un simple constat). J’ai passé les vingt dernières années - les premières de ma vie d’adulte –, après avoir lâché mes études au milieu du gué, à enchaîner et tricoter entre eux des emplois à temps ultra partiels, certes intéressants, mais sur un modèle très instable et précaire, pour être disponible au maximum pour ma famille. Pensée à creuser peut-être : je dis de ma mère, parfois, qu’elle est du genre « sacrificielle ». Et si moi aussi je l’étais, à ma façon ? Sans précisément savoir encore comment m’emparer du sujet, envisager un fonctionnement autre ;


- lu ce matin dans Assez de bleu dans le ciel, de Maggie O’Farrell :

Je ne sais pas pourquoi je pense à Stella maintenant, ni pourquoi je me sens toute bizarre. J’ai l’impression d’avoir été coupée en deux, d’être à deux endroits en même temps. J’ai l’impression de recevoir des interférences, comme sur une onde radio, ou bien de n’être qu’une ombre (…), comme si mon vrai moi était parti ailleurs, séparément. La dissociation, m’a dit mon frère quand je lui ai parlé de cette sensation que je ressens parfois. On appelle ça la dissociation.

Je n’ai jamais lu une définition de la dissociation qui me paraisse aussi limpide. Le mot m’est familier mais son sens ne m’a jamais semblé clair. Si c’est ça, la dissociation – alors je suis dissociée depuis toujours, et ce que je cherche, c’est mon propre rassemblement. Je suis un tas de fragments dispersés et je milite pour leur réunification.



*



Je suis revenue il y a deux jours d’un voyage d’une semaine en famille, et je sens la joie d’avoir du temps pour en revenir lentement (et digérer les images, les souvenirs engrangés, les réflexions que voyager génère).

En rentrant, on avait des tomates et des concombres dans le potager, et les courgettes sont en train de mûrir. Ce matin, j’ai mis dans un pot le brin de plante grasse dont j’ai chipé une bouture là-bas – et je me suis demandé si je ne faisais pas des choses juste pour pouvoir les écrire.


Arpenter les strates.



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