[Jeudi 27 juillet #11 - Terrier]
Jeudi 27 juillet – C…
Entre les gouttes, le doux plaisir de voir, dans mon placard, les tasses que j’ai trouvées sur Vinted (ce haut lieu de perdition), les mêmes que la tasse dans laquelle je buvais mon chocolat chaud quand j’étais enfant ; emplie de zèle ménager, je l’avais un beau matin - j’avais dix ans, je pense - balayée d’un revers de manche à balai, et, si je ne me souviens pas avoir pleuré à l’époque du drame, j’ai eu les larmes aux yeux quand j’ai ouvert le colis, il y a quelques jours. Ça compense la piqûre de guêpe pendant mon tour matinal du jardin, et deux trois bidules désagréables inattendus. Des petites roses sur une tasse blanche.
Et puis pensées pas très claires encore sur mes limites, mes batteries sociales, mon besoin d’asociabilité (je ne suis pas sûre que le mot soit parfaitement adapté à mon cas, mais c’est ce que je ressens), de vide, de silence, de solitude choisie, de soin porté à ce qui me fait me sentir sécure (je viens de consulter le web au sujet de ce mot : c’est un anglicisme, et l’Académie Française m’apprend qu’il ne se dit pas ; mais j’ai l’impression pourtant qu’aucun mot en français ne rend ce que je veux dire en utilisant ce mot – les exemples donnés sont à côté de ce que je veux dire – il ne s’agit pas d’être ou ne pas être sécure, mais de me sentir sécure ou pas sécure, ce qui n’est pas la même chose, il me semble ; tant pis, j’ai besoin des mots anglais safe et secure). J’ai besoin de prendre soin de mon sentiment de sécurité. Qu’est-ce qui me donne le sentiment de ne pas être malmenée, bousculée, tiraillée, stressée ? Qu’est-ce qui calme mes battements de cœur, me donne l’impression d’être rassemblée – le contraire de dispersée -, me permet de respirer amplement, me donne le sourire, me fait réfléchir sans me donner pour autant l’impression de devoir argumenter pour défendre mon bout de gras ? Qu’est-ce qui me permet de me détendre, de relâcher mes tensions ?
M’enfouir dans mon terrier.
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