[Mercredi 26 juillet #10 - Rythmique]

Mercredi 26 juillet, C...


X. m’a rappelé hier que, l’année dernière, ces jours-ci, nous partions randonner avec des ami-es, deux ânes, une mule et des instruments de musique, à deux pas de chez nous. Nous avons dormi chez des vignerons et traversé les villages en évitant les routes goudronnées ; par les petits chemins – qui ne sont guère « petits », d’ailleurs : pourquoi « petits » ? Certains sont probablement très vieux – je les vois comme de vieilles personnes chenues, courbées, ridées ; fatiguées peut-être – c’est étrange, j’ai déjà pensé aux chemins de la forêt d’à côté comme à des êtres vivants, doués d’une vie propre, à laquelle on pense peu ; sinon jamais.


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Je tiens quelque chose du rythme dont je disais, il y a quelques jours, que je ne le trouvais pas : lever tôt, sieste après déjeuner, coucher relativement tardif. Cette histoire de rythme, c’est crucial ; mes activités professionnelles conjuguées à la vie de famille et à des soucis de sommeil font de mes semaines une espèce de chaos, et ces deux dernières années m’ont vue tenter de dompter le sujet – m’imposer des plages horaires de travail, fermer ma boîte-mail le week-end (sauf week-end de concert), ne pas la rouvrir après le retour de répétition à vingt-trois heures. Travailler tôt, travailler tard ? Je ne sais pas bien encore ce qui me convient – jusqu’à récemment dans ma vie, j’ai travaillé n’importe quand – rédigeant des compte-rendus de concert à trois heures du matin ou répondant à des coups de téléphone le week-end ; ça c'était quand j’étais plus jeune dans le métier, inconsciente des enjeux du « temps pour moi » qui, à mes yeux, ne voulaient pas dire grand-chose. Métier-passion, mon œil. Un aspirateur à énergie, surtout (passion quand même, hein – mais je recommande de mesurer la passion, aussi).


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Ce matin, plutôt que de lire et de prendre compulsivement des notes, j’ai passé la serpillière et nettoyé les toilettes. Je crois que les deux activités sont reliées.


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J’ai suivi l’élan de la matinée : j’ai nettoyé la gazinière, derrière la gazinière, le sol de la cuisine, fait les vitres, plié du linge et bichonné mes plantes vertes. Et fait des pauses en lisant Journal d’un écrivain en pyjama, de Dany Laferrière : cette journée fut parfaite. On a fait un tour de vélo avant le coucher du soleil ; il avait un goût d’automne, ce coucher-là. Et j’aime bien ; je crois que c’est le goût du petit déchirement, que j’aime bien.

 

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[Été 2023 - Journal de bord, fragments]

 

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